- mars 15, 2023
Journée du 8 mars et Droits des femmes au Bénin: Reckya Madougou tend la main à Talon

La célèbre pensionnaire de la prison civile de Missrété a encore fait parler d’elle. Le 08 mars dernier à travers une remarquable tribune publiée sur sa page Facebook en marge de la journée internationale de la femme édition 2023, Reckya Madougou n’a pas hésité à faire des propositions concrètes au président Talon. Elle suggère un atelier technique d’évaluation des réformes du code électorale en faveur des femmes et se propose d’élaborer elle-même, depuis sa cellule, les termes de référence (TDR) en se fondant sur son parcours personnel en tant qu’ancienne Garde de sceaux, militante puis experte des politiques de développement axées sur les droits de la femme.
« Un atelier technique d’évaluation des réformes en vue d’une évaluation d’étape de la mise en œuvre de la réforme du code électoral relative à l’amélioration de la participation des femmes aux législatives ». Voilà le libellé de la main tendue de Reckya Madougou au Président Patrice Talon. Cette inspiration lui est venue du fond de sa cellule à l’occasion de la célébration de la journée du 08 mars. Ceci à travers une tribune qui s’affiche sur sa page Facebook depuis quelques jours. L’ancienne Garde des sceaux, malgré ses conditions de détention de plus en plus difficile, s’est proposée d’envoyer aux organisateurs de l’atelier les termes de référence (TDR) appropriés compte tenu de sa riche expérience dans le domaine de la protection des droits de la femme. Elle n’a pas manqué de donner quelques indications sur le sort à réserver aux recommandations issues de cet atelier « des experts »
Il s’agit d’une véritable contribution à l’action gouvernementale avec pour principal objectif d’améliorer l’apport des femmes dans l’animation de la vie publique notamment l’élaboration des politiques de développement.
La tribune se veut un véritable bréviaire sur les motivations de son auteur à propos de l’importance de l’implication des femmes dans la conduite des affaires de la cité. On peut y lire des statistiques et des données précises sur des expériences avérées dans certains pays comme le Rwanda qui a beaucoup amélioré la représentativité des femmes au parlement qui avoisine les 56% contre 25,6% au Bénin malgré la récente réforme en la matière conduite par le gouvernement Talon dans le nouveau code électoral. La tribune s’est donc félicitée du bond prodigieux qu’a connu ce taux au Bénin entre la 8ème législature 7,23% jusqu’en janvier 2023.
Néanmoins, le pays continue de traîner un grand retard en ce qui concerne la présence des femmes au sein des autres institutions et surtout dans les entités décentralisées notamment 1 préfet sur 12 et plus dramatique encore 4 maires sur 77.
Au fil des lignes de sa tribune, Reckya Madougou explique l’intérêt qu’il y a à corriger les inégalités liées au genre. Son constat de la faible représentativité des femmes s’est transformé en un appel à plus d’initiative des pouvoirs publics. Avec des exemples à l’appui, elle a montré comment des femmes sont parvenues à faire bouger les lignes dans des pays comme le Koweït.
Tout en rappelant les « conditions méchantes de sa détention », l’ancienne ministre de la justice a insisté sur le caractère non partisan et non politique de sa démarche. Il est question justement de se servir de la cause de la femme pour corriger les nombreux disfonctionnements intervenus dans la cohésion sociale. En effet, ces dernières années de nombreuses violences ont émaillé les réformes notamment à l’occasion des élections de 2019, 2020 et 2021. Des victimes ont été enregistrés à Cadjehoun, à Parakou, à Parakou, à Tchaourou et ailleurs dans le pays. Tout ceci au nom de la réforme du code électoral. Au vue de toute cette violence, Reckya Madougou en appelle à une démarche inclusive dans la conception et la mise en œuvre des réformes tout en s’inclinant sur la mémoire des pertes en vies humaines que l’imposition des réformes a occasionné. Parti du constat que les journées du 08 mars devraient cesser d’être festives, la tribune s’achève sur une exhortation aux femmes à la lutte, à l’innovation dans le but de venir à bout de la résilience qui est la leur.
La Rédaction