• mai 7, 2025

Le Bénin prisonnier du couple Talon-Yayi…

Le Bénin prisonnier du couple Talon-Yayi…

Dorénavant, plus rien n’est possible sans l’un ou l’autre. Nul ne peut être candidat à la présidentielle de 2026 s’il n’est d’obédience Talon ou Yayi. Ceci à travers un codicille presque constitutionnel devenu la pierre angulaire des grands enjeux en République du Bénin. Le corpus électoral a institué que pour être candidat à l’élection présidentielle, il faut réunir 28 parrainages de députés ou de maires. Or seul le camp Talon pour ne pas dire lui-même détient tous les maires du Bénin, ou presque, et tous les députés à l’exception notable de la portion congrue de 28 députés du parti Les Démocrates (LD), le parti dirigé par l’ex-comparse, Boni Yayi. Ainsi, sur un collège de parrains estimé à 77 maires, plus 109 députés soit au total 186 élus, Talon seul dispose de 156 d’entre eux contre le reliquat de 28 pour Yayi.

En résumé, la démocratie à la béninoise s’est transformée en une partie d’échecs volontairement déséquilibrée dès le départ. Pendant que Talon peut offrir des parrainages à un ou 5 candidats de son choix, Yayi ne peut en parrainer qu’un seul et de justesse. Alors que ni l’un ni l’autre ne peut figurer sur la ligne de départ à titre personnel. En d’autres termes, le sort du Bénin est entre les mains de deux retraités de la fonction présidentielle qui se sont arrangés, en un tour de passe-passe, pour confisquer toutes les cartes. Reléguant le reste des 13 millions de leurs compatriotes au rôle de figurants impuissants, spectateurs terrorisés. Talon l’a si bien décrit lors de son interview à Jeune Afrique en mars 2025 qu’il était à la recherche d’un successeur “docile” en ce qu’il rassure de ne pas mettre en cause les vestiges de son règne de deux mandats de 5 ans intercalés de 45 jours sans élection. En réalité, c’est le système Talon lui-même qui a choisi Yayi comme sparring-partner exclusif grâce à une féroce répression de toutes velléités par le truchement d’un refus catégorique d’accorder le fameux certificat de conformité à certains partis, de l’exclusion des compétitions pour “fautes mineures” pour d’autres, de l’emprisonnement ou l’exil de plusieurs leaders politiques parmi les plus emblématiques ou encore le règne de la peur sur des protestataires.

A croire que la fonction présidentielle est désormais réduite à la recherche d’une boniche de compagnie capable de réciter par cœur les cantiques à la gloire du maître. Et pour Boni Yayi serait également un dévoué même si, pour ce dernier, la compétition risque de n’être qu’un faire-valoir. Car en réalité, l’élection est d’avance contrôlée entièrement par le camp Talon, depuis l’organisation du scrutin, l’organe de régulation des médias, celui du contentieux électoral jusqu’aux services de sécurité chargé de neutraliser les meetings d’opposants sur le terrain pendant que la talonnie déroule sans sourciller. Ce duel insipide qui tient en respect tout le Bénin depuis la tentative d’empoisonnement de 2013, se projette encore sur 2026 plus pernicieux, plus abject, plus cinglant voire plus saignant.

Le Bénin c’est Talon d’un côté et Yayi de l’autre

Par Arimi Choubadé

 

 

 

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