Projet de production de poissons ‘’Tilapia rouge et gris’’ sur le lac Toho : Edouard Houngbédji partage ses expériences innovantes

Entrepreneur béninois, dans le secteur de la pisciculture, M. Edouard Houngbédji vit et travaille dans la commune de Tori-Bossito. Technicien en aménagement et équipement rural, il dirige, depuis 2020, un projet de production de poissons ‘’Tilapia rouge et gris’’ sur le lac Toho, grâce au soutien financier de la banque Bsic, à travers la mise en œuvre du PADAFA du Ministère de l’Agriculture, de l’Elevage et de la Pêche (MAEP). Promoteur de l’établissement  ‘’EDOU-BOLDNESS’’, ce jeune dynamique expose ici le processus ayant abouti à la concrétisation de ce projet en dépit des péripéties inhérentes. Entretien.

Votre Ets ‘’ Edou-Boldness’’ est actuellement spécialisé en production de poissons ‘’Tilapia rouge et gris’’. Partagez avec nous, comment cette aventure a pris corps ?
« Il faut avouer qu’après l’obtention de mon Diplôme d’Etude Agricole Tropicale (DEAT) au lycée technique agricole de Sékou, j’ai fait un travail de trois (03) mois dans un centre de provenderie afin d’acquérir une expérience professionnelle. Au terme de cette aventure, j’ai décidé d’installer mon projet de production de poissons en m’appuyant sur les ressources naturelles de mon environnement, notamment, le basfonds. N’étant pas expérimenté dans la production de poissons, il était très difficile de trouver le financement auprès des institutions financières pour accompagner le projet. Ayant une parcelle d’une valeur financière de quatre cents Mille (400.000) francs CFA, j’ai décidé de céder ce domaine pour investir dans le projet. Le faisant, il était question pour moi, de prendre le risque qu’on nous a enseignés au cours de mes études au lycée. Avec cette somme, j’ai pu construire un étang de 200m2 et puis faire le maraîchage de trois mètres carrés. Le projet a ainsi démarré à Dossou-Somè de Tori-Gare. L’expérience a été portée sur les poissons ’’Clarias’’ avec une dépense de Trois  Mille (300.00) francs CFA pour la production. Malheureusement, les fruits n’ont pas tenu la promesse des fleurs. Pour la récolte, nous n’avons eu une somme de quarante-cinq mille (45.000) francs CFA comme retour sur investissement. Nous avons reçu un choc au terme de cette expérience. Il faut dire que, j’étais déçu au regard de ce résultat. En dépit de cette douloureuse expérience, les compétences acquises au lycée me rappellent que c’est en échouant qu’on acquiert les expériences de la réussite. J’ai continué à travailler très dur pour atteindre des résultats encourageants pour la production des poissons ‘’Tilapia et gris’’. J’étais à ce niveau quand, le gouvernement béninois, à travers le ministère de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche, a lancé le projet intitulé PADAFA en 2020. Les experts de la mise en œuvre de ce projet ont pris connaissance de mon parcours dans le secteur de la production de poissons. A cet effet, un dossier a été monté pour m’aider à trouver le financement auprès de la banque Bsic. C’est ainsi qu’une nouvelle aventure a commencé depuis 2020 pour relancer véritablement la production de poissons en cage fixe dans le basfonds de Dossou-Somè. »
Nous constatons que vous avez installé des cages fixes sur le lac Toho pour la production de poissons alors que le site mentionné pour le projet est Dossou-Somè de Tori-Gare. Qu’est ce qui s’est réellement passé ?
« Il est vrai que dans le projet, il était retenu la production de poissons en cage fixe dans l’arrondissement de Tori- Gare. Il était convenu dans le projet d’aménager une rivière artificielle de 2000m2. Ce qui a été fait sur le site indiqué. Au cours de la mise en œuvre du projet, durant une période de trois (03) mois, le rendement n’était à la hauteur des attentes alors qu’il faut commencer par honorer les échéances au niveau de la banque. Cela me devenait un casse-tête. Le problème est que, sur ce site, l’oxygène n’était favorable aux poissons. Pour résoudre cette équation, il faut chercher un autre site approprié et procéder à une nouvelle installation. Dans nos recherches, nous avons pu identifier le site du lac Toho, comme le site annexe du projet. Il était question de redynamiser le projet. En dépit des difficultés, l’installation sur le site de Toho pour honorer à mes engagements vis-à-vis de la banque. »
Comment avez-vous opérer votre installation sur le site du lac Toho ?
« Pour l’installation, j’ai fait recours l’Agence Territoriale du Développement Agricole (ATDA) de Tori. Au regard de ma situation exposée, l’ATDA m’a donné l’autorisation et favorisé mon enregistrement sur la liste des pisciculteurs du lac Toho. Après cette étape, il faut les cages flottantes  sur le lac Toho avant de déplacer les poissons. Pour l’instant, j’ai installé sept (07) cages flottantes sur ledit lac. Chaque cage  a une capacité de contenir 2.200 poissons durant la période du fort taux de rendement et 1000 ou 900 poissons à partir du mois de Septembre au regard des paramètres  physicochimiques et psycochimique  du lac. Je peux vous assurer que mon déménagement sur le site du lac Toho a véritablement influencé ma production de poissons de façon positive. Il est à rappeler que lors de mon installation sur le site du lac, j’ai enregistré une perte de 4. 500 poissons, dont le coût est estimé à 2.500.000 francs CFA. Le PADAFA est une ligne de garantie pour accompagner les porteurs de projets durant 05 années ».

Un mot pour clore cet entretien
« Je remercie tous les partenaires ayant contribué de près ou de loin à la mise en œuvre de ce projet. C’est un stimulus pour encourager les jeunes entrepreneurs agricole. Je remercie spécialement la banque Bsic pour avoir pris le risque malgré sa réticence au départ. Les engagements seront honorés jusqu’au terme du projet. Enfin, un grand merci aux membres du cipec pour le suivi du terrain et les orientations. »
Propos recueillis par Rodéric DEDEGNONHOU