- mai 8, 2025
Sauvegarde et protection du patrimoine culturel immatériel dans le Borgou : Marcel Zounon à la découverte de divinité ‘’ Ogou ’’ en milieu Batonnu

Directeur honoraire de l’Ensemble Artistique National du Bénin et expert consultant en patrimoine culturel immatériel, M. Marcel Zounon a fait une découverte étonnante en Janvier dernier, dans la commune de Parakou. Il s’agit de sa rencontre avec la grande prêtresse Bona Sonmin, détentrice la divinité ‘’ Sara Gandé ’’ en milieu Batonnu, synonyme de la divinité ‘’Ogou’’ dans la partie méridionale et des collines du Bénin.
Si la reconnaissance et la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel constituent la source principale d’une diversité culturelle, cela n’en demeure pas moins vrai que sa pérennisation garantit une créativité authentique voire continue des peuples. Très peu valorisés dans certaines régions et localités à fortes potentialités au Bénin, ces patrimoines culturels immatériels suscitent néanmoins l’attention particulière des experts en la matière qui œuvrent pour la sauvegarde. C’est le cas de M. Marcel Zounon, Directeur honoraire de l’Ensemble Artistique National du Bénin et Expert consultant en patrimoine culturel immatériel. Ce dernier a fait la découverte de la divinité ‘’Ogou’’ dans la commune de Parakou sous la façade de « Sara – Gandé » le pseudonyme du grand prêtre instaurateur. Héritière de Sara Gandé, la grande prêtresse Bona Sonmin est installée au cœur du quartier Boundarou de Parakou.
Comme son grand-père « Sara Gandé », la prêtresse Bona Sonmin, à hauteur de ses soixante-treize (73) ans, est une incarnation vivante des attributs hautement spirituels de la divinité Ogou. Grande guerrière, chasseuse, prêtresse de ladite divinité et initiatrice de nouveaux adeptes, elle est dotée d’un don de voyance hors pairs. Comptabilisant quarante-cinq (45) ans de pratique dans le culte Ogou, Bona Sonmin avec son statut femme est une vétérane de la chasse et plusieurs fois nominées et décorées par la cour royale de Nikki.
À la rencontre de sa personne, son accoutrement majestueux et divin de prêtresse fait de la peau d’animal et composé des cauris, ainsi que des miroirs incarne le mystère de la divinité Ogou. Dans ces deux mains se trouvent une flèche et un fusil deux objets symbolisant la chasse et la guerrière. À en croire la prêtresse : « La flèche, qu’elle tienne dans sa main, est celui de Bio Guerra, un héritage directe de Sara Gandé son grand père». Dans son domicile à boundarou, la prêtresse dispose d’un couvent gigantesque où est installée la divinité Ogou, baptisé « Sara Gandé » sous le pseudonyme de son fédérateur. Pour une prêtresse spirituellement mieux aguerrie, Bona Sonmin, comme son nom l’indique en langue batonnu « Celui qui répare» s’est mise au service de la communauté en apportant des solutions à beaucoup de maux d’ordre spirituel. Ceci par des consultants, des aides aux femmes ayant des problèmes de fécondité, la guérison des malades redoutables émanant des envoûtements ou gris et bien d’autres. En dehors de ceux-ci, elle se consacre pleinement à son rôle de prêtresse et d’initiatrice de nouveaux adeptes.
Initiation de nouveaux adeptes à la divinité Ogou en milieu batonnu
Le dimanche 26 janvier dernier, la grande prêtresse Bona Sonmin, a procédé à l’initiation de nouveaux adeptes à la divinité Ogou. C’était une cérémonie majestueusement glorieuse et à la fois unique grâce à ses couleurs typiquement de la culture batonnu. Et Même si l’on pouvait se permettre de dire qu’il s’agit d’une divinité déjà existante et pratiquée dans d’autres régions du Bénin , notamment le sud, la divinité ‘’Ogou’’ ou « Sara Gandé » se distingue nettement de sa tradition purement batonnu et de ses couleurs locales hors pairs.
Le jour de l’initiation, les nouveaux adeptes sont allés à l’aube à la chasse escortés par des anciens adeptes et prêtres. Le ‘’Ogou’’ étant la divinité de la chasse, la chasse est la première activité qui a marqué le début de la cérémonie. Après celle-ci a suivi, la présentation des nouveaux adeptes et l’immolation des bêtes. Ensuite les chevaux des nouveaux adeptes ont été rasés avant que la prêtresse ne dévoile le nom de divinité de chacun. Une fois leur nom de divinité connu, une cohorte de danse des désormais adeptes de ladite divinité a mis fin à la cérémonie. Tout ceci se passe en présence des fidèles, les parents et proches des nouveaux adeptes ainsi que les prêtres et prêtresse d’Ògùn et d’autres divinités. Selon la prêtresse Bona Sonmin, juste après la désignation d’un individu comme futur adepte de ‘’Ogou’’, une convalescence de sept (07) jours au couvent est obligatoire avant la cérémonie d’initiation elle-même.
Chaque communauté et région possède quelque chose de particulier découlant de sa culture ou de sa tradition. C’est d’ailleurs ce qui fait leur l’apanage et attire la curiosité. Cette découverte de M. Marcel Zounon en milieu batonnu est une preuve palpable. Une démarche et une curiosité de la part de l’expert en patrimoine culturel immatériel qui force administration et mérite d’être soutenues.
Rodéric DEDEGNONHOU