• mars 29, 2023

Vindicte populaire dans la commune de Tori-Bossito: Les parents de la victime Barthélemy Hounklin attendent le verdict de la justice béninoise pour faire le deuil

Vindicte populaire dans la commune de Tori-Bossito: Les parents de la victime Barthélemy Hounklin attendent le verdict de la justice béninoise pour faire le deuil

A l’instar des pays africains, le Bénin connait ces vingt dernières  années une propension de  la vindicte populaire. En dépit  des mesures prises par le gouvernement béninois, pour lutter efficacement contre ce phénomène, des cas lui échappent  et provoquent  le désarroi au sein de la population. Au nombre de ces cas, figure en bonne place celui de la commune de Tori-Bossito où le feu Barthélemy  Hounklin, jeune exploitant forestier, a été victime  de la furie manifeste des hommes. Flash-back sur le scénario ayant endeuillé  et révolté les habitants du quartier de village ‘’Agonmè’’ de Tori-Bossito.

Mardi 06 Avril 2021. Journée de deuil à ‘’Agonmè’’. Des habitants de ce quartier de village, situé dans la commune de Tori-Bossito (37 Km de Cotonou), se souviennent encore de cette date lugubre pour la famille Hounklin. Puisque, cette dernière a perdu l’un de ses vaillants fils, Barthélemy Hounklin, exploitant forestier, au cours d’une vindicte populaire, à  Ayidohoué, un quartier de village de la même commune. Selon M. Dansou Hounklin, le père de la victime, cette date a été une journée de tristesse, d’angoisse, de consternation, d’exaspération, l’envie de répliquer et de lamentation pour tous  les membres de la famille Hounklin ainsi que pour les parents alliés,  proches et les jeunes du village ‘’Agonmè’’.

« Mon fils Barthélemy Hounklin était le seul espoir de ma famille. Il était le seul à me soutenir. Il était à la quête de sa pitance quotidienne lorsqu’il a été tué de façon cruelle par des hommes épris de jalousie. J’étais au bord de la déchéance quand j’ai appris que mon fils a été bastonné, blessé  et brûlé vif. Mais il a fallu le soutien de tout le monde, notamment, les fidèles de notre confession religieuse, pour se tenir jusqu’ à présent. Vous savez ? Faire le deuil d’un enfant, comme Barthélemy Hounklin,  n’est pas une chose aisée. Je continue de faire ce deuil surtout que nous attendons le verdict de la justice béninoise. Mon défi est d’assister au quotidien, les deux enfants que mon fils a laissés » a fait savoir  M. Dansou Hounklin.  Âgé de 72ans et  cultivateur de profession, M. Dansou Hounklin  s’en remet à Dieu et à la justice béninoise pour juger les  présumés coupables de l’assassinat du feu Barthélemy Hounklin.

Il est à noter que le phénomène de  la vindicte populaire  est récurrent  ces dernières années au Bénin. Outre ce cas de M. Barthélemy Hounklin, celui de M. Eloi Dogo, l’étudiant en droit à l’université de Parakou a suscité de vives réactions au sein de l’opinion. Selon  le rapport des enquêtes, ces deux  victimes sont des personnes innocentes. Dans sa forme la plus connue, la vindicte populaire  se caractérise par une succession d’actes  de barbarie, de traitements inhumains à l’exemple de la bastonnade, blessures, ligotage, trainage par terre. Les causes de ce phénomène sont nombreuses. On peut citer entre autres : La pauvreté, l’insécurité ambiante, les frustrations générées par l’absence de confiance envers la justice  et les forces de l’ordre peuvent pousser la colère aveugle entrainant à la vindicte populaire. Il urge que le gouvernement béninois continue de monter la garde pour éviter ce phénomène à travers des séances de sensibilisation, d’information et de répression à l’endroit des  acteurs mis en cause.

Retour sur la situation de la vindicte populaire

Les faits remontent, en effet,  le mardi 06 Avril 2021.  Jeune exploitant forestier, Barthélemy Hounklin était âgé de 27ans. Il achetait et vendait de bois ruraux dans la commune de Tori-Bossito. Il était allé voir l’un de ses potentiels clients pour la vente des bois de teck dans une plantation de tecks (Teckeraie).

Ce client, du nom de M. Claude Hounkpatin, a instruit l’un de ses collaborateurs (Romain Djogahoun) pour aller vérifier l’existence de la marchandise. C’est ainsi que le feu Barthélemy  Hounklin  avait remorqué le sieur Romain Djogahoun sur sa moto pour lui certifier l’existence des bois sur le terrain.

Avant d’entrer dans le périmètre de la plantation de tecks, les deux compagnons ont vu un homme debout au cours de leur passage. Une brève salutation a été faite entre ce dernier et les hôtes. Mais quinze minutes plus tard, grande a été la surprise de tout le monde.

L’homme qui se tenait debout a fait une crise d’épilepsie. Face  à cette situation, des riverains qui travaillaient dans les champs environnant  ont fait irruption avec des armes blanches (Bois, coupe-coupe et houes). Ceux-ci se sont dirigés  vers Barthélemy  Hounklin et  Romain Djogahoun, pour les accuser d’avoir provoqué la mort de la personne ayant  la crise d’épilepsie.

La horde armée a estimé que cette dernière est morte suite à des paroles incantatoires prononcées par les sieurs Barthélemy  Hounklin   et Romain Djogahoun.

Ensuite ces hommes animés de mauvaise foi ont décidé d’en découdre avec les deux compagnons. Pour réussir le forfait, ils ont embarqué les deux compagnons au domicile  de M. Séraphin Bessan, le  Chef village (CV) de Tori-Ayidohoué.

Les accusateurs ont enfermé les sieurs Barthélemy  Hounklin   et Romain Djogahoun dans la chambre du Chef village.  Après quelques conciliabules,  Barthélemy  Hounklin   fût sorti de la chambre du Chef village et livré aux présumés coupables en furie. Ils  ont  bastonné, blessé, ligoté et puis brulé vif Barthélemy  Hounklin   à quelques mètres du domicile du chef quartier.

Mais avant ce crime, les personnes malintentionnées ont pris le soin de faire disparaitre les deux téléphones  de  Barthélemy  Hounklin   ainsi qu’une enveloppe financière  de quatre millions cinq cents francs CFA (4.500.000Fcfa) qu’il avait dans ses poches.

Ensuite, ces jeunes badauds, sans foi ni loi, ont décidé d’appliquer le même mode opératoire au sieur Romain Djogahoun. «  Comme Barthélemy  Hounklin, je voyais déjà ma mort. Je ne pouvais rien faire pour échapper à la situation en dépit de la présence du Chef village » a confié, Romain Djogahoun. Ce dernier a été bastonné, blessé, ligoté et prêt pour être brûlé.

Le sieur Romain Djogahoun a eu la vie sauve  grâce  à la promptitude des éléments de la police républicaine du commissariat de Tori-Bossito. Il est à noter que le sieur Romain Djogahoun a été également dépouillé de ses téléphones portables, une somme de cinquante mille (50.000) francs CFA et des documents au cours de cette situation.

            La procédure judiciaire  désormais enclenchée

Deux (02) mois après la mort de Barthélemy  Hounklin et la vie sauve de Romain Djogahoun, les éléments de la police républicaine de la commune de Tori-Bossito ont mis aux arrêts trois (03) présumés coupables et M. Séraphin Bessan, le  Chef village (CV) de Tori-Ayidohoué. Présentés au procureur du tribunal de la première instance de Ouidah, ceux- ci ont été déférés à la prison civile de la commune de  Ouidah. Selon des recoupements, cinq (05) présumés coupables dans ce dossier seraient en cavales. La première audience a permis aux présumés coupables de reconnaitre les faits et d’avoir participé à cette situation funeste, surtout qu’ils ont été confondus à l’élément matériel (Prise de la vidéo de la scène). Lors de la deuxième audience, courant Mai 2022, les trois présumés coupables ont réaffirmé d’avoir participé à la vindicte populaire causant la mort du sieur Barthélemy  Hounklin parce qu’ils ont estimé qu’il a tué la personne ayant  la crise d’épilepsie. Quelques semaines après, le Chef quartier (CV), M. Séraphin Bessan  a été libéré contre toute attente de la population. Les parents des victimes attendent avec impatience, la suite du traitement judiciaire de ce dossier.

La libération  de Séraphin  Bessan  suscite des interrogations

Est-il libéré définitivement  ou sous contrôle judiciaire ? Seuls les responsables en charge du dossier au tribunal de ouidah pourront trouver de réponses à ces interrogations. De toute évidence, la sortie du  Chef quartier (CV), M. Séraphin Bessan n’est pas du goût de la population du village d’Agonmè. Des menaces fusent de toute part à son encontre. Il doit savoir où mettre désormais les pieds afin d’éviter les représailles  des habitants de Tori-Bossito. Certaines personnes estiment qu’il est complice de la situation, parce qu’il aurait livré Barthélemy  Hounklin  aux vautours. Rappelons qu’une partie de la population aurait décidé  saccager son domicile après la vindicte populaire. Mais les  éléments de la police républicaine de la commune de Tori-Bossito et les sages de cette localité ont véritablement joué le rôle de sapeurs-pompiers. Les parents des victimes  se posent des interrogations  face à sa libération. Il est discret et s’expose très peu en public depuis sa libération.

 Les doléances de Dansou Hounklin et Romain Djogahoun à la justice béninoise

« J’avoue que mes doléances se résument en deux points majeurs. Je réitère que la justice béninoise délibère le verdict de cette affaire afin que nous puissions véritablement faire le deuil. Ensuite, je souhaiterais que les présumés coupables restituent tout ce qu’ils ont dépouillé à mon fils. Parce que je fais face depuis son décès aux charges de ses enfants », a exhorté Dansou Hounklin. Quant à M. Romain Djogahoun, il reste dans la même logique le père du feu Barthélemy  Hounklin. Il souhaiterait qu’un dédommagement lui soit fait au regard des dépenses effectuées au centre de santé.

Par Rodéric DEDEGNONHOU

 

 

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