• octobre 29, 2022

40eme anniversaire du décès de Bernard Zoundégnon alias Papillon de l’orchestre Poly Rythmo : Que signifie le sobriquet « Papillon »?? Voici l’histoire de l’homme

40eme anniversaire du décès de Bernard Zoundégnon alias Papillon de l’orchestre Poly Rythmo : Que signifie le sobriquet « Papillon »?? Voici l’histoire de l’homme

Clément Mélomé forme en 1966, un orchestre très populaire qui sera nommé dans un premier temps Sunny Blacks Band. Puis Poly Rythmo en 1969 et plus tard Le Tout Puissant Poly Rythmo de Cotonou. Entre 69 et 82, ils sortiront plus de 500 morceaux avec de différents producteurs. Le plus connu fut Albarika. Mais, en 82, le temps s’arrête. Ils perdirent deux membres influents de l’orchestre. Papillon (guitare) et Yehouessi Léopold (batterie) sont passés de vie à trépas. Dans cette publication, nous voulons parler de Bernard Zoundegnon alias Papillon.

Les bonnes choses ne durent jamais dit-on. L’espoir de toute une famille s’est éteint, laissant enfants, famille, femme, orchestre et fans dans la tristesse. Les années passent, mais la douleur persiste. 33 ans il avait quand il a pris rendez-vous avec le destin ne lui laissant aucun espoir. Le désarroi s’installa au niveau des proches. La nuit tomba à Dégouê (village de Ouidah). Un grand cri strident de la grande tante réveilla les membres de la famille pour annoncer la terrible nouvelle. Le fils des Pedah quitta ce monde. Laissant orgue, piano, guitare et tam-tam. Son père ne s’en revenait pas et s’écria: Papillon tu m’as fait ça ? (en langue Mina). Précisons qu’à la maison c’est le Mina et le Pedah qu’ils parlent. De qui s’agit-il?? De Bernard Zoundégnon alias Papillon du mythique orchestre TP Poly Rythmo de Cotonou.

*Retour sur la vie de Bernard Zoundegnon*

Cyrille Zoundégnon son fils aîné avait 11 ans quand son vieux quittait ce monde. La veille du décès de son père, il l’appela et lui donne des conseils quand dans la nuit profonde du lendemain, il partit pour le voyage céleste. On était le 27 octobre 1982. Un artiste interplanétaire s’en est allé. Papillon ne va plus s’amuser avec la guitare. Le deuil a frappé tout un pays. Désormais, femme et enfants inconsolables. Une chose est certaine, Papillon n’a pas vécu inutilement. Non seulement ses oeuvres parlent, ses enfants sont aussi en vie. Papa était un homme de principe m’a-t-il dit. À en croire ce monsieur d’un peu plus de 50 ans, c’était un vieux très rigoureux et n’a jamais voulu qu’un de ses progénitures fasse la musique, le disait-il de son vivant. Surtout on ne touche pas à ses instruments de musique. Celui qui tente le faire, est sévèrement puni. Il parle le Mina. Sa main était un touche à tout. Il joue la guitare basse, l’accompagnement, le solo, le piano, l’orgue et le tam-tam. Faites juste un tour sur youtube et tapez le morceau « Sêbaho » de Poly Rythmo. Vous allez comprendre ce que ce monsieur fait avec l’orgue juste avec sa main droite. C’est simplement fantastique. C’était un monsieur qui ne reste pratiquement pas à côté de ses enfants, alors qu’il avait déjà construit à Djidjê (quartier de Cotonou). Quand il revient à Ouidah, il donnait à manger à toute sa famille, il payait la scolarité de tous ses autres frères et soeurs a laissé entendre (le petit frère de Papillon qui était aussi avec nous au cours de l’entretien). Il a remporté beaucoup de prix. Le plus connu, c’était en 77 au Festac. Origine de …

*Mais, d’où est sorti le sobriquet Papillon ?*

En 1977, l’orchestre Poly Rythmo était au Festac à Lagos, Festival of Arts and Cultures ( Festival des arts et Cultures). C’est un festival dédié aux pays africains surtout, mais sur invitation, certains pays des autres continents, peuvent y participer. C’était du 15 janvier au 12 février de cette année ( Mon papa qui vivait en son temps à Lagos m’a narré comment Papillon a tenu le public en haleine. C’était du feu). Donc c’est à ce festival que le nom Papillon est né. Et comment ?? Poly Rythmo qui représentait le Bénin s’est retrouvé en finale de ce Festival. Vicky, Eskill Lohento, Clément Mèlomè les Leads vocaux du groupe, Papillon à la fois à la guitare basse et l’orgue. Léopold Yéhouessi à la batterie. Tous les groupes avaient une trentaine de minutes de prestations. Le Bénin était avant dernier dans l’ordre des prestations. Tous bien habillés dans leurs uniformes de l’orchestre. Après trois morceaux, live, Bernard Zoundégnon était toujours au niveau de l’orgue et le piano. le public ne s’en revenait pas. Et c’est le dernier morceau qui était l’apothéose. Un morceau qu’ils ont composé pour le festival. C’était devenu l’hymne du festival en 77. Papillon décide de changer d’instrument musical. À chanson spéciale, instrumentiste spécial. La guitare fera les « frais ». Avec ses doigts magiques, Papillon a été lancé pour mettre de l’ambiance. Venez voir comment la guitare et l’orgue faisaient leur show. Pour preuve, allez sur Youtube et tapez Poly Rythmo Festac 77. Vous comprendrez quelque chose déjà dès le début du morceau, ce que Papillon fait de la guitare. C’est la première fois qu’ils ont vu un homme jouer de la guitare avec ses dents. Cela sortait de l’ordinaire. C’était du jamais vu. La délégation gouvernementale et toutes les autorités présentes ne s’en revenaient pas. Elles ont même dit que Papillon n’était pas béninois et que c’était un congolais. Puisque ce sont les congolais qui étaient doués dans la guitare en ce temps. Mais le génie béninois aussi était là caché dans son coin. Il a fallu qu’on lui dise de parler une langue béninoise avant de croire effectivement qu’il est Béninois. Le grand Bernard prit le micro, il parla le Fon, le Mina et le Pedah. Et comment encore ? Accompagné de sa guitare. Tout le public se met debout et l’ovationnait sans fin. La messe était dite. Les autres concurrents ont compris qu’ils n’ont plus de chance. Le Bénin s’en sort avec le trophée et le grand prix. Quant à Bernard Zoundégnon, il repart avec un prix spécial et plusieurs autres trophées. Toutes les distinctions de ce festival étaient réalisées en forme de papillon. (Les photo sont accrochées au salon de son enfant). De retour au Bénin. Dès sa descente de l’avion, une forte délégation du gouvernement et des fans, viendront les accueillir. À la vue des trophées, ils disaient « Papillon , Papillon » , Papillon » me dit son enfant. Ainsi naquit le nom Papillon de Bernard Zoundégnon. Donc l’histoire du nom Papillon a commencé à Lagos en 1977. Pendant ce temps, n’importe quel artiste de renommée qui voudrait prester au Bénin, le sollicitait pour l’accompagner. Il est devenu international.

*Le rendez-vous avec le destin*

« On ne prend pas rendez-vous avec le destin. Car, il empoigne qui il veut et quand il veut » Mariama Bâ (Une si longue lettre)
Malheureusement, alors qu’ils étaient en tournée au Sénégal, Papillon a senti un malaise. Sur consigne ferme du président Kerekou il fut ramené à Cotonou. Après avoir passé des jours à la Clinique Les Grâces, il ordonna qu’on le ramène au Cnhu. Des mois de traitement, il sera guéri et va rejoindre la maison. Selon les dires de son enfant, il souffrait des maux de tête atroces. Mais toutes les analyses ne donnaient aucun résultat. Un docteur spécial lui a été envoyé ( un certain Capo Chichi). Des maux de tête, c’est devenu maux de ventre. Plus tard ils comprendront que c’est un empoisonnement. Et que c’était un poison lent. Il sera complètement guéri. Nul ne pouvait penser qu’il était encore malade. Ce matin, Cyrille Zoundégnon, le fils aîné jouait dans la cour de leur maison, quand son père est rentré. Il lui demande en langue Mina pourquoi il joue. Le jeune enfant lui répondit qu’il ne fait rien. Donc il s’amuse un peu. Papa n’a rien dit. Il rentre voir sa femme. Le soir de ce même jour, la santé de son géniteur va plutôt s’aggraver. Inquiétude totale. La femme ne savait plus quoi faire. Ils ont tout tenté mais rien. Dépassé ils ont fait appel à un certain Adjaho qui le transportait d’urgence au Cnhu. Toutes les tentatives pour lui sauver la vie, n’ont rien donné. Papillon ne va plus voler ni jouer sa guitare. Il va abandonner son orgue. Laissa son tam-tam et son piano. Tout un monde dans la tristesse après 15 ans de carrière. Et ses enfants désormais orphelins de père dès le bas-âge. C’était la consternation totale, le deuil frappa tout un pays. Le président Kerekou décide de lui rendre un hommage mérité. Le gouvernement a pris en charge toutes les dépenses financières de la cérémonie. On l’enterrera au cimetière PK14 le 10 novembre 1982. Entre temps, il sera décoré à titre posthume par toujours le Président Kerekou. Lorsque le président Nicephore Soglo est venu au pouvoir, il a aussi fait un geste aux enfants. L’homme n’aura pas existé inutilement, c’était un maillon essentiel de cet emblématique orchestre. Il avait quatre enfants. Un artiste ne meurt pas. Né en 1949, il meurt en 1982 à 33 ans après 15 ans de carrière très riche. Salut Papillon.. Repos éternel à vous.

Richard Mensah Elom Agbenomba

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